Une exploration de la culture québécoise et des on identité
Dans le plus récent et tout premier épisode en français de notre podcast bilingue « Insightful Inspiration », l’animatrice Isabelle Landreville explore les différentes variables entourant et structurant la culture et l’identité québécoise à l’ère contemporaine. D’ailleurs, Philippe Lamarre, fondateur de Urbania, un groupe média multiplateforme agissant comme la voix culturelle des jeunes âgés de 25 à 35 ans, se joint à Isabelle lors de cette discussion.
Avec Urbania célébrant son 20e anniversaire, Philippe réfléchit sur l’esprit unique et effervescent qui régnait à Montréal au tournant du millénaire, ouvrant la voie au lancement de son entreprise. Cet échange nostalgique sert de tremplin pour évaluer comment la culture québécoise a évolué au cours des dernières décennies.
Une discussion portant sur l’évolution culturelle au Québec
D’emblée, Philippe souligne qu’au début des années 2000, Montréal est façonné par une renaissance culturelle, et s’étant partiellement alimentée par un changement de perspective après le référendum de1995. À vrai dire, après que le Québec a eu voté de justesse pour demeurer une province canadienne, plusieurs ont consciemment décidé d’arrêter de regarder vers l’arrière pour plutôt se concentrer et même bâtir l’avenir de la province.
Ce pivot à créer un précédent vers une vision culturelle plus universelle, moins politisée et centrée sur la valorisation de nouvelles opportunités créatives. Montréal étant une ville abordable où y résident plusieurs artistes, comparativement aux autres métropoles canadiennes, constituait un lieu idéal pour ce changement culturel. Justement, cette énergie de l’époque attirait d’innombrables individus talentueux et créatifs venant de partout en Amérique du Nord vers la métropole, et ce pendant que de jeunes entrepreneurs culturels locaux, comme Philippe, ont profité de cette atmosphère et de la montée de l’Internet pour lancer de nouveaux festivals et projets artistiques.
Philippe met en évidence que les divisions ethnique ou linguistique n’ont pas entravé cet épanouissement culturel organique. D’ailleurs, le boulevard principal de Montréal (soit le Boulevard St-Laurent séparant l’île de Montréal entre l’est et l’ouest) est un symbole dece mélange des anglophones et des francophones. Tout comme les artistes de musique électronique qui ont fusionné leurs talents sans se soucier de leurs antécédents culturels. À cette époque, nous pouvions constater un melting pot vibrant plus motivé que jamais par des visions générationnelles plutôt que de vieux conflits culturels.
Des perspectives générationnelles évolutives
En revanche, comme la discussion devient surtout axée sur le présent, certaines préoccupations se dégagent quant à l’évolution des perspectives culturelles auprès des jeunes générations. Il semble que, selon Philippe, les jeunes Québécois d’aujourd’hui s’identifient de plus en plus à des groupes culturels à l’échelle mondiale et démontrent un intérêt fragmenté pour les repères culturels locaux.
Tout en reconnaissant la problématique entourant l’accessibilité à la musique, à la télévision ou à l’humour produits au Québec, il souligne que les habitudes de consommation des jeunes se dispersent sur des plateformes numériques mondialisées comme Spotify, Netflix et YouTube. Les jeunes cohortes discutent maintenant d’objets culturels assez éloignés de ceux consommés, encore aujourd’hui, par lesQuébécois de générations plus âgées.
Ils sont tous les deux d’accord sur le fait que cette fragmentation pourrait affaiblir les liens culturels qui unissaient jadis la société québécoise. Ils partagent l’inquiétude selon laquelle le précieux sentiment de distinction du Québec risque de s’effriter devant la prédominance écrasante des médias sociaux étrangers et des plateformes de contenu dirigées par les géants technologiques américains.
Quelques signes persistants de la vitalité culturelle
Néanmoins, Philippe constate également des indices positifs signalant que la culture québécoise maintient une certaine vitalité culturelle. Pour ce faire, il évoque le déferlement d’émotions sincères à la suite du décès prématuré de Karl Tremblay, le chanteur du groupe Les CowboysFringants, démontrant que les chansons émouvantes de ce groupe ont touché de nombreux Québécois, et ce allant des adolescents aux personnes âgées.
De plus, Philippe poursuit en discutant de la scène prospère du « stand-up » comique au Québec qui témoigne aussi d’une vitalité culturelle et d’une résonance continues avec les publics de tous âges.Il acclame tous les comédiens québécois qui parviennent à subsister localement, même face à une concurrence plus intense à l’échelle internationale.
À son avis, cette abondance souligne l’importance constante de l’humour absurde, mais réfléchi au cœur des mœurs québécois.
Créativité, authenticité et résilience
En effet, Philippe revient constamment à l’humour, à la créativité et à la narration authentique inhérents à la province du Québec, car elle possède une abondance d’atouts culturels. Il soutient que même si l’avènement de la technologie favorise la fragmentation des contenus et des plateformes, les entrepreneurs culturels doivent continuer à établir des liens avec les nouvelles générations, et ce de manière innovante.
Justement, les publicités captent l’attention lorsqu’elles explorent de manière perspicace les tendances locales émergentes. Des réalisateurs québécois, comme Xavier Dolan, réussissent à présenter leur vision créative à grande échelle. Mais surtout, Philippe met en évidence que la vitalité culturelle provient d’une réflexion authentique sur les attitudes contemporaines plutôt que d’une imposition d’objets culturels dépassés.
Un regard vers l’avenir
Avant de conclure cette discussion, Philippe et Isabelle discutent de ce à quoi pourrait ressembler la culture québécoise d’ici les 20 prochaines années. Bien que les jeunes générations soient davantage tournées vers le monde et se rapportent différemment aux repères culturels plus anciens, ils expriment tous les deux un optimisme prudent.
D’une part, Isabelle souhaite que la vive joie de vivre inhérente au Québec persiste en dépit de l’inévitable mélange interculturel, préservant ainsi les racines francophones tout en embrassant la maîtrise importante de l’anglais. D’autre part, Philippe aspire à cultiver les talents créatifs du Québec afin d’avoir une portée significative à l’échelle mondiale, et ce tout en préservant une voix locale distinctive. Il imagine que la dualité culturelle de la province pourrait représenter une fusion du meilleur de l’Amérique du Nord et de l’Europe, plutôt que de paraître diluée aux yeux des publics.
La forme ultime que prendra la culture québécoise reste incertaine. Toutefois, la discussion générationnelle passionnée telle que présentée dans ce podcast met en lumière les débats animés qui se déroulent alors que la société québécoise continue de se réinventer dans un avenir médiatique de plus en plus démocratisé et décentralisé, semblant à la fois plein de périls et de promesses.